Autrice : Christina Dalcher
Éditions : NiL
Traduction : Michael Belano
427 pages – 22,00 €
Résumé : Jean McClellan est
docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire
de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé
son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de
s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un
silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet,
le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe
fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme
moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque,
Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité
de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots.
Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole
pourrait bien la laisser définitivement sans voix…
Christina Dalcher nous offre avec Vox un roman dystopique glaçant qui rend hommage au pouvoir des mots et du langage.
Christina Dalcher nous offre avec Vox un roman dystopique glaçant qui rend hommage au pouvoir des mots et du langage.
Vox se déroule aux États-Unis dans un futur proche –
même si les limites ne sont pas clairement défini – et fait froid
dans le dos.
Là où ce livre est terriblement
pertinent, c'est que le passé de l'héroïne, que nous découvrons au fil du roman, est notre présent à nous, lecteurs. Un présent où le féminisme résonne de plus en plus
fort et où certains discours misogynes se développent ouvertement chez les plus
conservateurs (et cons. J'ai le droit de le dire, c'est mon blog).
Ainsi, le lecteur retrouve tant de similitudes entre son monde et
celui créé par l'autrice, que le discours l'amène forcément à réfléchir sur
notre société, ce qu'elle est et ce qu'elle pourrait devenir.
Le discours mêle la vie de Jean à des
épisodes de son passé - plus ou moins proche – démontrant la
montée de la religion et du désir de revenir à ce que les choses
étaient lorsque la femme n'avait que le rôle de mère et femme au
foyer. L'héroïne, prête à agir aujourd'hui, revient sur un passé
où il ne lui semblait pas nécessaire de se montrer combative, de
faire entendre sa voix. Malheureusement, c'est au moment où elle
aurait bien besoin de cette voix pour se défendre, défendre les
femmes et, surtout, défendre sa fille, qu'elle soit se contenter de
100 petits mots par jour.
Je dois avouer que lors des quelques
jours durant lesquels j'étais plongée dans ce roman, je n'ai pu
m'empêcher de « compter » mes mots. Et vous savez quoi
les gars ? 100, c'est peu. Pour info, le résumé dans le cadre
bleu en haut de la chronique fait 147 mots... Non seulement les
femmes (et même les petites filles) ne peuvent parler mais elle sont
surveillées afin de ne pas non plus s'exprimer par des signes... Ni
ouvrir le courrier. Ni avoir accès internet sans la surpervision de
son mari, ni (bien évidemment) quitter le pays etc etc.
Les femmes ne sont pas les seules à
être mise au ban de la société et, si on les bâillonne, certains
se voient directement envoyés dans des camps de répression tels que
ceux qui refusent de se soumettre à ces nouvelles « normes »,
les homosexuels ou tout ceux considérés comme « perdus »
pour cette nouvelle société Pure. Difficile, bien évidemment, de
ne pas faire de parallèle avec la seconde guerre mondiale.
Malheureusement, deux choses m'ont
particulièrement ennuyée dans un roman qui, sans ces « défauts »,
aurait été tout simplement parfait. L'héroïne est d'une platitude
à me faire grincer des dents et, pour aller de pair avec ce côté
« il manque quelque chose », la fin est plutôt
décevante. Alors certes, c'est peut-être plus réaliste, mais c'est
surtout extrêmement frustrant pour le lecteur qui espérait une fin
en apothéose.
Bref, malgré des défauts assez
frustrants, Vox reste une excellente dystopie qui ne peut que faire
écho à l'actualité et à la montée en puissance d'un féminisme
qui fait de plus en plus entendre sa voix. L'histoire, originale, est portée par une plume qui
respire l'intelligence et le récit terriblement pertinent offre à
réfléchir à la place des femmes, aux normes que l'on tente de nous
imposer d'une manière parfois très insidieuse ou encore, des
dangers du conditionnement religieux.
Dommage pour les bémols. C'est un roman qui a l'air très intéressant.
RépondreSupprimerÇa me fait penser à La Servante Écarlate que je n'ai pas encore non plus mais ces deux livres me font terriblement envie.
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