ALERTE PÉPITE EN VUE !
Auteur: Jaroslav Melnik
Éditions: Agullo
Prix: 21.50 €
Hier soir j'ai terminé l'excellent
Espace Lointain de Jeroslav Melnik (Pour ceux qui me suivent sur les
réseaux sociaux... J'ai mon ukrainien ! Yay !).
Ce livre n'est pas seulement un roman
mais aussi et surtout une observation, voire une fable,
philosophique. A coup de métaphores et à travers Gabr, son
personnage principal, Melnik nous dresse le portrait de l'Homme
insatisfait, qui passe tant de temps à courir après la Vie avec un
grand V, qu'il en oublie de profiter de ce qu'il a. Typique.
Espace Lointain est une leçon
originale et marquante qui m'aura collé une petite claque et qui se
hisse tout en haut de la pile de mes meilleures lectures de 2017.
Est-il préférable de connaître une
vérité qui fait souffrir ou bien de rester dans un mensonge
rassurant ?
Résumé : « Et si voir était un crime ? »
À Mégapolis, tous naissent aveugles. Les habitants dépendent de capteurs
électroacoustiques, et le verbe « voir » ne fait plus partie du
vocabulaire. Jusqu'au jour où Gabr recouvre la vue... Terrifié par ce
qu'il prend pour des hallucinations, il se rend au ministère du Contrôle
où on lui diagnostique une psychose de l' « espace lointain ». Mais
Gabr est saisi par le doute : et si ce qu'il percevait était en fait la
réalité ?
Sa rencontre avec Oks, le chef d'un groupe révolutionnaire, va confirmer
les intuitions de Gabr et bouleverser sa vie.
Tiraillé entre la violence des terroristes et celle d'un système
millénaire, Gabr trouvera-t-il sa propre voie pour accéder à l'« espace
lointain » et à la liberté ? Avec cette dystopie orwellienne, Jaroslav
Melnik offre la métaphore puissante d'un monde prêt à sacrifier la
vérité pour la sécurité. Mais peut-on vivre dans le mensonge ? Et qu'y
a-t-il de plus précieux que la liberté ?
Jeroslav Melnik est un écrivain et
philosophe et ça se sent. Une écriture intelligente, des réflexions
abouties, des explications claires sur des choses parfois complexes
qui forcent le lecteur à jeter un regard sur sa propre manière de
vivre. Ici, on dénonce à coup d'univers dystopique (quoi que) une
humanité qui perd de sa définition ; l'auteur dépeint une
nature humaine parfois ignorante, souvent terrifiée par l'insécurité
et presque toujours gagnée par la lâcheté.
Dès la première page, Gabr a déjà
ses « hallucinations » et commence à voir le monde dans
lequel il évolue. Pour le ministère du Contrôle de l'Union gouvernemental, cela ne fait aucun doute: Gabr est atteint de Psychose de l'espace lointain. Selon eux, Gabr doit être soigné avant de devenir dangereux et ils comptent bien lui retirer ses hallucinations. Une fois la peur de la nouveauté dissipée, Gabr fera tout pour garder la vue.
Il est difficile de ne pas éprouver d'empathie pour cet homme seul face à la vérité. Non seulement il découvre le terrible décor qui l'entoure mais, surtout, il ne parvient pas à partager ce qu'il voit. Comment expliquer aux gens qu'il connaît ce que voir signifie ? Comment expliquer la lumière et les couleurs à des personnes n'ayant connu que l'obscurité toute leur vie ?
Il est difficile de ne pas éprouver d'empathie pour cet homme seul face à la vérité. Non seulement il découvre le terrible décor qui l'entoure mais, surtout, il ne parvient pas à partager ce qu'il voit. Comment expliquer aux gens qu'il connaît ce que voir signifie ? Comment expliquer la lumière et les couleurs à des personnes n'ayant connu que l'obscurité toute leur vie ?
Comment prouver à tout le
monde qu'il n'est pas fou ?
Gabr est loin d'être le seul personnage intéressant à étudier dans ce roman. A travers les pages d'Espace Lointain, le lecteur rencontrera divers personnages faisant écho à notre propre société. Avec eux, l'auteur approfondira des notions telles que le terrorisme, la politique, l'amour, la sphère familiale etc.
Le rythme du roman est assez lent même
si il y a de nombreuses ellipses temporelles. Ce qui rend le roman
très agréable à lire est la variété de la forme:
mélange d'extraits d'émissions, de rapports officiels, d'extraits d'un livre
de poésie interdit à la distribution, de coupures de presse, de journaux intimes de certains
protagonistes etc. Alors que Melnik excelle dans les réflexions philosophiques, le seul exercice dans lequel je n'ai pas senti
l'auteur incroyablement à l'aise est le dialogue.
Bref, Espace Lointain est une
merveille, entre dystopie et science-ficton, opposant de nombreux
thèmes (humanisme, totalitarisme, vérité & mensonge,
politique, liberté, besoin de l'autre etc) et mérite que l'on parle de lui. Toi, le lecteur qui aura lu cette chronique jusqu'au bout; lance-toi et prépare-toi à découvrir un univers
sombre et mené d'une main de maître ainsi que des personnages foutrement
humains.
MAIS QUELLE CHRONIQUE, QUELLE FEMME, QUEL LIVRE. T'as gagné je vais le lire :3
RépondreSupprimer